Myriam Montoya nous vient de Colombie et écrit d’une langue à l’autre. Elle transfère le sens, le creuse en constituant son identité individuelle et poétique. Sa plume migrante est réfractée, décomposée, recomposée puis partagée. Elle recherche un espace-temps habitable à travers une identité composite, une plume exigente et une empreinte propre.
Dans son souffle souterrain » où résonne des échos, nous plongeons dans les visions qui s’en élèvent. Je la cite : cette torsion permanente du mouvement apprivoisé.
Sa poétique est plantée de tensions, de souvenirs, de tous les angles de l’exil. Entre naissances et déchirures, Myriam Montoya dit la consistance du réel, parfois sa pesanteur… Elle évoque l’inconnu cette moitié de néant qui nous survit. Je la cite : Mon regard fleur de refus, flèche du désir, fissure presente. Le rien s’écoule des mains comme un temps inapprivoisé et monte vers les hauteurs tel un absolu rêvant.
Myriam Montoya marche dans un ‘ailleurs’ où elle crée des liens confidents ou réinvente des rencontres-collisions avec l’autre. Chez elle, sonne l’interférence permanente entre les cultures. Dans ses marges tracées, elle ouvre des portes qui se mesurent à l’horizon, seule borne à son exil. En quel oxygène cherche-t-elle un air qui n’est pas le sien ? En quel refuge veut-elle nous retenir ? Je la cite : son abstraction mesurant notre passage. je profane les pelouses interdites.
Avec nostalgie et justesse, elle puise aux essences, les spasmes de l’éclair, que les dieux fumants déserteront avant désolation. Je la cite : ils jouissent de l’extase transitoire de jeunes dieux. Dans la poésie de l’auteure, nous pouvons aussi extraire des émerveillements éclatants, des lignes frontières où le monde nous épouse avec ravissement. Myriam Montoya erre et chemine avec l’allure pour trace indomptable.
Dans son écriture nous sous-pesons et sommes perforés par le poids de l’Etre dans une « solide pulsation ». Sa plume nous imprime et nous élève au grade du réel lorsque le destin fait irruption dans l’obscur. L’auteure se fraie alors une place dans la nuit, au pied des vastes inconnus. Je la cite : Matière, impulsion divine, décomposition organique, nous sommes. Je la cite encore :
Un poinçon de silence scinde l’être
dans la raideur momentanée de l’anesthésie
Perforations
Déchirements
Rituel accessoire du gaspillage
pour exorciser le néant.
A lignes épurées, Myriam Montoya perce la matière première des événements les plus intenses. A pas lumineux, elle nous tend la nuit pour espace brut et nous y trouvons refuge. Je la cite : Que la conscience de vie soit monnaie unique d’avenir.
Anne de COMMINES